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LES MORTS

Vous m’avez promis mariage. J’entends que vous acquittiez votre promesse. — Roi de France, jugez-nous. »

Alors, Jean de Calais parut.

— « Roi de France, jugez-nous. Cet homme en a menti comme un chien qu’il est. Je suis Jean de Calais. Soyez témoins, maîtresses et valets de ce château.

— Oui, oui, cet homme est Jean de Calais.

— Merci, braves gens. Roi de France, je reprends ma femme. Mais vous n’avez pas fini de juger. Roi de France, j’avais fait de cet homme mon grand ami. Par trahison, il me jeta dans la mer grande. Mais je ne m’y noyai pas. Un grand Oiseau Blanc me secourut. Sur une poutre, je flottai trois jours, sans manger ni boire, sans rien voir que le ciel et l’eau. Enfin, j’abordai sur un rocher, sur un rocher sans arbres ni verdure. Là, pendant sept ans, le grand Oiseau Blanc m’a nourri. Chaque semaine, il m’apportait une miche de pain, et une jarre de vin. Ce matin, à la pointe de l’aube, le grand Oiseau Blanc m’a dit : « Jean de Calais, il se passe chez toi de tristes choses. Aujourd’hui même, ta femme sera forcée d’épouser son intendant, le traître qui t’a jeté dans la mer grande. Jean de Calais, promets-moi la moitié de ce que tu aimes le mieux, et dans une heure tu seras sur le seuil de ton château. » J’ai