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CONTES FAMILIERS

tayer, méchant comme le Diable, et avare comme un juif. Mauvais pain, mauvaise soupe, lit de paille, force coups, et pas de gages, tel était le sort du pauvre valet.

Mais le nain avait bon espoir, et pensait :

— « Patience ! Après la pluie, le soleil. »

Un jour, Courtebotte gardait ses vaches, dans un pré, couché sous un saule, au bord du Gers. De l’autre côté de la rivière, il aperçut une femme haute à peine d’un empan, noire comme l’âtre, et vieille, vieille comme un chemin.

— « Vacher, cria la petite vieille, viens me passer de l’autre côté du Gers.

— Brave femme, avec plaisir. »

Courtebotte ôta ses habits. Par bonheur, c’était après la moisson. Les eaux étaient si basses, si basses, que le nain n’en avait pas jusqu’à la ceinture.

— « Brave femme, vous voilà passée.

— Merci, vacher. Ton service te sera payé. Prends cette flûte, et ne t’en sépare ni nuit ni jour. Chaque fois que tu l’emboucheras, les bêtes et les gens qui l’entendront seront forcés d’entrer en danse, jusqu’à ce qu’il te plaise de ne plus souffler.

— Brave femme, merci. »

La petite vieille partit.

Alors, Courtebotte emboucha sa flûte. Aussi-