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CONTES FAMILIERS

— « Allez, braves gens, allez renfermer ce grand loup dans une étable de cent brebis. »

Les deux canailles de maquignons n’y manquèrent pas. Une fois seul, le grand loup fut vite sorti de sa peau de bélier. Aussitôt, il tomba sur les cent brebis. Les pauvres bêtes sautaient épouvantées. Sur la porte de l’étable, les deux canailles de maquignons écoutaient.

— « Petiton n’a pas menti. Voici un mâle fort vaillant. Comme il se démène ! »

Mais, le lendemain matin, ce fut une autre affaire. Les deux canailles de maquignons ouvrirent la porte de l’étable. Aussitôt, le grand loup détala au galop.

— « Milliard de Dieux ! Un loup ! Un grand loup ! Milliard de Dieux ! Nos cent brebis sont étranglées. Petiton s’est vengé de nous. Milliard de Dieux ! Ceci ne se passera pas comme ça. »

Les deux canailles de maquignons prirent leurs bâtons, et partirent. Mais Petiton se méfiait. Dès la pointe de l’aube, il siffla son chien Mouret[1], un brave animal, fort, sage, bien dressé comme pas un. Tout ce que son maître lui commandait, il le comprenait, et le faisait du premier coup. Enfin, il ne manquait à Mouret que la parole.

  1. Mouret, en gascon petit Maure. Nos paysans donnent volontiers ce nom à leurs chiens noirs.