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CONTES FAMILIERS

personne. Battons-nous, si vous voulez. Soyons bons amis, si cela vous plaît. »

Les deux canailles de maquignons n’avaient pas mot à dire.

— « Eh bien, Petiton, soyons bons amis.

— C’est dit. Allons à l’auberge, riboter, et trinquer ensemble. »

Alors, Petiton fit signe à Mouret.

Aussitôt, le brave chien hérissa son poil, roula les yeux, tira la langue, et bava, comme s’il était véritablement enragé. Les deux canailles de maquignons étaient blancs de peur. Mais Petiton tira son couteau, empoigna Mouret par la peau du cou, et creva la vessie pleine de sang de poule, cachée dans les poils du poitrail.

Le chien tomba comme mort.

— « Et maintenant, mes amis, allons à l’auberge, riboter, et trinquer ensemble. »

Tous trois allèrent à l’auberge, s’attabler, et deviser en trinquant.

— « Petiton, tu es un bougre fort et adroit. Empoigner un chien enragé par la peau du cou, le saigner avec un couteau, voilà ce que bien peu d’hommes sont capables de faire, sans se laisser mordre.

— Mes amis, vous vous trompez. À faire ce que vous avez vu, je n’ai pas le moindre mérite. Regardez ce couteau, qui n’a l’air de rien.