Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
CONTES FAMILIERS

Nous les saignerions, ainsi que tu as fait de ton chien, pour les ressusciter guéris, et doux, tranquilles, comme des agneaux nés depuis un mois.

— Mes amis, vous avez raison. Mais, à votre propre compte, mon couteau vaut cher. Vous ne l’aurez pas à moins de mille pistoles.

— Non, Petiton. C’est trop cher.

— Mes amis, je n’en rabattrai pas deux liards. Si vous dites encore non, pas plus tard que demain matin, je vais courir les champs de foire, et gagner pour moi-même la fortune que vous lâchez.

— Petiton, voici tes mille pistoles.

— Mes amis, voici mon couteau. Je souhaite qu’il vous serve à faire fortune. »

Les deux canailles de maquignons repartirent, contents comme des merles.

Le lendemain, jour de la Saint-Martin[1], ils dépensaient jusqu’à leur dernier sou à payer, sur le champ de foire de Lectoure, tous les bœufs et vaches méchants, tous les chevaux et mulets vicieux dont personne ne voulait.

— « Notre fortune est faite. Notre fortune est faite. »

  1. Le 11 novembre. Il y a, ce jour-là, à Lectoure, une grande foire, où l’on amène force bestiaux, surtout de jeunes mulets et mules.