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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/177

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Le Loup

un triste repas. Mange plutôt cette miche de pain de quinze livres, que quelqu’un a mise, pour le curé, sur une marche de l’autel.

— Tu as raison. Chèvre. »

Le Loup se jeta donc sur la miche, et la Chèvre profita de ce moment pour sortir par le trou de la porte. Mais quand le Loup voulut en faire autant, il se trouva que tout le pain qu’il avait avalé lui avait tellement, tellement enflé le ventre, qu’il ne pouvait plus passer.

— « À mon secours, Chèvre. Le trou de la porte s’est rapetissé.

— Non, Loup. C’est ton ventre qui s’est enflé. Tâche de sortir de l’église, en grimpant le long de la corde de la cloche. »

Le Loup se pendit donc à la corde, et mit la cloche à la volée, de sorte que les gens de la paroisse accoururent à ce tapage. Quand ils virent à qui ils avaient affaire, ils s’armèrent de fourches et de bâtons. La vilaine bête faillit y laisser le cuir, et s’échappa tout en sang.

La Chèvre, qui regardait de loin, riait comme une folle.

— « Ah ! Chèvre, les gens de cette paroisse sont de bien mauvais chrétiens. Vois l’état dans lequel il m’ont mis, devant l’autel même du Bon Dieu. Je n’en puis plus. Je donnerais dix ans de ma vie contre un peu d’eau, pour laver mes