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CONTES FAMILIERS

Voilà comment, par sa finesse, le Charbonnier gagna un chou, un lièvre, un mouton, et un chapon.

Le lendemain, le Loup et le Renard se rencontrèrent dans le bois du Gajan.

— « Eh bien ! mon pauvre Loup.

— Eh bien ! mon pauvre Renard.

— Renard, le Charbonnier est une canaille. Je lui avais apporté un beau mouton, et je me chauffais sans me méfier. Alors, il m’a poussé au beau milieu du feu. J’ai pensé n’en pas sortir, et j’ai pris la fuite à travers le bois, avec le poil tout brûlé.

— Loup, le Charbonnier est une canaille. Je lui avais apporté un beau chapon bien gras, et je me chauffais sans me méfier, tournant le derrière à la flamme, la queue en l’air. Alors, il m’a planté au beau milieu du cul la broche rougie à blanc. J’ai pensé en mourir, et j’ai pris la fuite à travers le bois, avec la chair toute brûlée.

— Renard, que pourrions-nous faire au charbonnier ?

— Loup, je ne reviens pas chez lui.

— Ni moi non plus, Renard[1]. »

  1. Dicté par Marie Dupin, veuve Lagarde, de Gimbrède (Gers).