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Divers

femmes firent à Monmayran une telle conduite, que le gueux décampa, pour ne revenir jamais.

IV. — Il y avait autrefois, à Condom[1], un apothicaire, qui n’avait pas son pareil pour les lavements bons à rafraîchir les paysans de l’Armagnac, échauffés, en été, par les travaux de la campagne. Chaque samedi, jour de marché[2], chaque dimanche, jour de repos, les visiteurs arrivaient par bandes.

Mais chacun son tour, comme au confessionnal. Un à un, les paysans entraient, déculottés dans l’arrière-boutique. Aussitôt, l’apothicaire chargeait sa seringue dans un grand chaudron, et poussait ferme.

— « Voilà. C’est deux sous. À un autre. »

Et les visiteurs filaient par la porte de l’arrière-boutique, s’ouvrant sur un grand jardin, où les plus pressés pouvaient rendre à leur aise ce qu’ils venaient de recevoir.

Un jour, l’apothicaire travaillait à l’accoutumé. Déjà, le paysan avait reçu les trois quarts du lavement.

  1. Chef-lieu d’arrondissement du département du Gers.
  2. Les marchés de Condom se tiennent en effet tous les samedis.