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Les gens avisés

Le même soir, il ronflait comme un bienheureux entre deux draps, dans une auberge d’Agen. À la pointe de l’aube, il s’éveilla brusquement, piqué sur le bout du nez.

— « Forgeron, debout, debout. Assez dormi, fainéant.

— Qui es-tu ? Je t’entends, mais je ne te vois pas.

— Forgeron, je suis la Mère des Puces, et je suis ancrée sur le bout de ton nez. Forgeron, je veux savoir où tu vas.

— Mère des Puces, je vais à Nérac, faire rire la Princesse Triste-Mine, et ferrer le grand cheval blanc, Brise-Fer. Ainsi, je serai le gendre et l’héritier de Henri IV.

— Forgeron, emporte-moi. Je te rendrai peut-être service.

— Mère des Puces, demeure ancrée fort et ferme sur le bout de mon nez. »

Ce qui fut dit fut fait. Le Forgeron repartit, le grillon ancré sur son menton, le rat ancré sur son béret, et la Mère des Puces ancrée sur le bout de son nez.

Trois heures après le lever du soleil, il était à Nérac, assis sur un banc de pierre, tout à côté de la maîtresse-porte du château du roi.

Valets et servantes le regardaient en riant.

— « Forgeron, qu’es-tu venu faire ici ?