Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
CONTES FAMILIERS

La fille laide, laide comme le péché, choisit la plus jolie robe. Alors, la dame du château la força de prendre la plus déchirée, la plus sale, la lui fit mettre sur-le-champ. Ensuite, elle ouvrit le coffre plein de pièces d’or, d’argent et de cuivre, et de bijouterie de toute espèce.

— « Mie, prends dans ce coffre ce que tu voudras. »

La fille laide, laide comme le péché, choisit cent quadruples d’Espagne et cent bagues d’or. Alors, la dame du château ne lui laissa prendre que deux liards et une bague de cuivre. Ensuite, elle la mena à l’écurie.

— « Mie, choisis la bête que tu voudras, avec la bride et la selle. « 

La fille laide, laide comme le péché, choisit le plus beau cheval, la plus belle bride, et la plus belle selle. Alors, la dame du château ne lui laissa prendre qu’un âne, un licou de corde, et une mauvaise couverture.

— « Et maintenant, lui dit-elle, monte sur ton âne, et reviens dans ton pays. Ne te retourne pas vers le château, que tu ne sois là-bas, là-bas, en-haut de la côte. Alors, lève la tête, et attends. »

La fille laide, laide comme le péché, ne remercia pas la dame du château. Elle monta sur son âne, et partit pour son pays. Mais elle se retourna vers le château, avant d’arriver en-haut de la côte,