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Page:Blain de St-Aubin - Les cavaliers de Miss Pimbêche, 1865.djvu/37

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MISS PIMBÊCHE.

parler de lui. Le bruit de ses exploits parvint alors jusqu’en mon humble retraite ; de plus, j’ai souvent eu occasion de juger par moi-même celui que tu as choisi pour époux. Ce que je vais t’apprendre ne doit point t’effrayer ni changer tes sentiments. Si Dieu n’a jamais voulu la mort du pécheur, les femmes doivent aussi pardonner et oublier, surtout quand elles aiment, car, tu le sais, « l’amour est un sacrifice. »

Il y a six ans, M. Séraphin jurait un amour éternel à cette pauvre Adelina que nous avons vue mourir il y a bientôt trois ans. M. Séraphin était un beau jeune homme, charmant cavalier, aimant tous les plaisirs et… (te le dirai-je ?) toutes les jolies femmes.

Un jour, il interrompit les visites qu’il faisait assidûment à notre amie,… et, depuis lors, il ne l’a pas revue.

La famille d’Adelina se trouva d’abord fort offensée de ce changement. Mais, après avoir pris des informations, elle acquit la certitude que son enfant chérie était loin de perdre un trésor. M. Séraphin était alors un joueur effréné, partant très-égoïste, et d’une conduite peu exemplaire. Sa fortune très-ébréchée par ses folles dépenses ne lui laissait qu’un petit avoir insuffisant à ses goûts dispendieux. Tout cela fut dit à notre amie, mais la pauvre enfant avait voué, paraît-il, son existence à ce joli masque. M. Séraphin s’est un peu réformé depuis ce temps ; il est entré