Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/321

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De part et d’autre on avait tort, et le tort venait de ce que nul n’avait compris qu’avant d’aborder le problème de la conversion, il aurait fallu abolir l’amortissement.

L’amortissement aboli, l’argument tiré de l’augmentation du capital tombait de lui-même. Car il importait peu, au point de vue financier que le capital de la dette publique fût indéfiniment accru, si on le considérait comme ne devant jamais être racheté. Cette augmentation, dès-lors, devenait un fardeau purement nominal, et le meilleur système, sous le rapport, exclusif, de l’économie à réaliser, se pouvait résumer de la sorte : Augmentons indéfiniment le capital de la dette, charge fictive, et réduisons indéfiniment l’intérêt de la dette, charge réelle.

Rien, d’ailleurs, n’eût été plus facile que de prouver combien l’institution de l’amortissement était onéreuse et insensée[1]. C’est ce que sentait parfaite-

  1. Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en plaçant ici, après la description de ce bizarre mécanisme, la démonstration de ses vices essentiels. Aussi bien, l’histoire de l’amortissement doit avoir sa place dans la partie financière du travail que nous avons entrepris.

    Histoire de l’amortissement. — La caisse d’amortissement a été créée en France par la loi du 28 avril 1816. Sa dotation avait d’abord été fixée à 20 millions de revenu par an elle fut portée à 40 millions par la loi du 25 mars 1817.

    La caisse devait, au moyen de cette somme, racheter successivement les rentes, au cours de la Bourse mais les rentes rachetées ne devaient pas être annulées. Jusqu’à ce qu’il en fût autrement décidé par la législature, elles devaient être payées par l’État à l’amortissement et s’ajouter à sa dotation.

    L’idée de l’amortissement reposait sur la théorie des intérêts composés, c’est-à-dire des intérêts qui, s’accumulant chaque année pour être ajoutés au principal, portent eux-mêmes intérêt pour les années suivantes théorie merveilleuse au premier abord, puisque avec une dotation de un pour 0/0 par an, successivement accrue des intérêts du capital racheté, une dette en 5 pour 0/0 se trouve éteinte, par des rachats