Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/244

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coup de courage et de tristesse. Chaque maison était devenue un château-fort, et on tirait de toutes les fenêtres. Trois hommes s’étaient postés derrière une cheminée, et de là ils faisaient depuis longtemps sur la troupe un feu meurtrier, lorsqu’ils furent enfin découverts. Un canon fut pointé contre cette cheminée fatale, mais avant de l’abattre, le canonnier fit signe à ceux qu’elle protégeait de se retirer. Il n’y avait pas dans les assaillants moins de bravoure et de générosité. Mais qu’attaquaient ceux-ci ? Que défendaient ceux-là ? D’autres le savaient ! Tout-à-coup il se fit sur le quai de la Grève un grand bruit d’armes et de chevaux. Le 50e de ligne arrivait, précédé par un détachement de cuirassiers. Ces malheureuses troupes avaient été obligées de quitter la rue Saint-Antoine à la hauteur de l’église Saint-Gervais, et de prendre le quai pour gagner la place de Grève. Elles y entrèrent à la faveur d’une charge que des lanciers firent sous l’arcade Saint-Jean et qui attira de ce côté les forces des Parisiens. Les soldats du 50e de ligne n’apportaient à la garde royale qu’un bien faible secours. Tout le long de cette rue Saint-Antoine qu’ils avaient si péniblement traversée, ils avaient entendu les cris de Vive la ligne mêlés à ceux de Vive la Charte ! Ils arrivaient sur la place de Grève à demi-gagnés à la cause de l’insurrection. On les fit entrer dans la cour de l’Hôtel, et leurs cartouches, dont ils refusèrent de faire usage, furent distribuées aux soldats de la garde, défenseurs plus persévérants de la royauté. Un détachement suisse avait été envoyé des Tuileries au secours de l’Hôtel-de-Ville : il entra sur la