Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/265

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sait donc de conduire à Paris la duchesse de Berry et son fils. On aurait fait une pointe sur Neuilly, on se serait emparé du duc d’Orléans qu’on aurait engagé de vive force dans les hasards de l’entreprise, puis on serait entré dans Paris par les faubourgs, et la duchesse de Berry, montrant au peuple l’enfant royal, l’aurait confié à la générosité des combattants. Mme de Gontaut approuva ce projet. Malgré ce qu’il avait d’aventureux, ou plutôt, à cause de cela même, il séduisait l’imagination mobile de la duchesse de Berry tout fut convenu pour l’exécution. Mais l’infidélité d’un confident mit Charles X sur la trace du complot, et il échoua.

Cependant l’insurrection embrasait tous les quartiers de la ville, et partout le peuple avait l’avantage. Un bataillon suisse couvrait le quai de l’École. Le duc de Raguse qui, comme nous l’avons dit, avait reçu ordre de concentrer ses troupes autour des Tuileries, envoya dire au lieutenant-colonel, M. de Maillardoz, de se rendre sur-le-champ au marché des Innocents, et d’en ramener le général Quinsonnas qui y était cerné de toutes parts. M. de Maillardoz partit du quai de l’École à la tête des Suisses, et atteignit par la rue de la Monnaie la pointe Saint-Eustache ; mais, au lieu de redescendre au marché des Innocents par la rue Montmartre, il suivit la rue Montorgueil. Erreur fatale ! car il n’était pas arrivé à la rue Mandar que déjà le pavé était jonché de morts ; et quand il fallut entrer dans cette rue, que fermait une énorme barricade, ce fut une horrible boucherie. La barricade fut franchie cependant ; mais le lendemain, sur les pierres dont elle était for-