Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/273

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Raguse. Je viens d’ordonner aux troupes de ne faire feu que pour se défendre : une proclamation va en instruire Paris. — Comment ! reprit M. Galle, depuis deux jours, Monsieur le maréchal vous faites tirer sur le peuple et l’autorité municipale ne s’est pas encore montrée ! — C’est vrai, dit le maréchal, en portant la main à son front avec désespoir, c’est vrai ! » Et appelant son secrétaire : « Que les maires de Paris soient convoqués d’ici à une heure. — D’ici à une heure, Monsieur ! mais qui sait ce qui arrivera d’ici à une heure ? Peut-être n’existerez-vous plus, ni deux cent mille Parisiens, ni le roi, ni moi qui vous parle. Ce qu’il faut faire, Monsieur le maréchal, permettez-moi de vous le dire  partez à l’instant arrêtez ces fusillades que vous entendez d’ici ; allez à Saint-Cloud dire, au roi que nous avons dépavé nos rues ; que le haut de nos maisons est rempli de pavés ; que cent mille des plus braves soldats ne prendraient point Paris ; que beaucoup de gens qui entendent la guerre, moi, tout le premier, vont se mettre à la tête de la population si des concessions immenses ne sont pas faites. »

Le duc de Raguse répondit avec accablement que le roi savait tout, mais qu’il prêterait peut-être l’oreille à une députation, pourvu que ce fut une députation de la bourgeoisie[1].

Le duc de Raguse, au sortir de cet entretien, donna ordre aux maires de se réunir. Quatre d’entre

  1. Déposition de M. Galle dans le procès des ministres ; tome II, p-128.