Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/283

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qu’on lui apportait. Il chercha même à rassurer M. de Sémonville comme il avait fait la veille à l’égard de M. de Vitrolles. Il dit que toutes les mesures étaient prises pour étouffer l’insurrection ; qu’il comptait sur les soldats ; que la révolte s’userait sur elle-même parce que le peuple n’avait pas de chefs, et que l’ordre de fusiller les meneurs avait été exécuté. M. de Sémonville fit tous ses efforts pour détromper le roi, mais en vain. « Eh bien ! Sire, s’écria-t-il enfin, il faut tout vous dire : si dans une heure les ordonnances ne sont pas rapportées, plus de roi, plus de royauté ! — Peut-être bien me donnerez-vous deux heures, répondit le roi blessé dans son orgueil. » Et il se retirait, lorsque, tombant à genoux, M. de Sémonville le saisit par ses vêtements ; le roi reculant toujours, le vieillard allait se traînant sur le parquet d’une façon lamentable. « La Dauphine ! songez à la Dauphine ! sire », s’écriait-il. Charles X fut ému, mais il resta maître de sa résolution.

Toutefois, les ministres tinrent conseil ; M. de Vitrolles était arrivé à Saint-Cloud, lui aussi, et il y avait apporté le carré de papier sur lequel le docteur Thibaut avait écrit la veille ces noms, inconnus de la plupart des combattants : Mortemart et Gérard.

On discutait à Saint-Cloud un changement de ministère : à Paris on ne combattait déjà plus que pour le renversement de la royauté.

La lutte avait recommencé sur plusieurs points. Des élèves de l’École polytechnique parcouraient le faubourg Saint-Jacques, frappant à toutes les