Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/296

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de l’âme, agrandissent en tous sens la nature humaine.

Deux heures après, un des combattants du Louvre, le docteur Delaberge, regagnait son domicile, lorsqu’il rencontre dans la rue-Neuve-des-Capucines un homme qu’il eut de la peine à reconnaître, tant sa figure était blême et ses yeux hagards. M. Casimir Périer court à lui et le conjure de sauver des gendarmes qui s’étaient réfugiés dans l’hôtel des affaires étrangères et contre lesquels on poussait des cris de mort. Le docteur Delaberge pénètre dans l’hôtel ; il était suivi de quelques hommes déterminés. Il trouve, en effet, dans l’office, dix-huit gendarmes qui avaient dépouillé l’uniforme et s’attendaient à être massacrés. Il leur fit revêtir des habits bourgeois, et tandis qu’il se présentait à la porte qui donne sur le boulevard et tenait la multitude attentive à sa parole, les malheureux s’évadaient par la porte qui s’ouvre sur la rue des Capucines.

Vers le même temps on vit arriver sur la place de la Bourse deux grandes caisses que recouvrait une toile grise. M. Charles Teste, qui occupait alors le palais de la Bourse, les fit découvrir : elles contenaient l’argenterie du château et les ornements les plus précieux de la chapelle. Ceux qui escortaient ces richesses, en les protégeant, n’avaient sur le corps que des haillons ensanglantés.

La lutte paraissait finie, et cependant la ville ne s’appartenait pas encore. De la place Vendôme, que couvraient deux régiments de la ligne, la garde royale s’étendait jusqu’à la Madeleine, le long de la rue de la Paix et du boulevard des Capucines. Mais