Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/327

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bien ambres, adressées à un homme qui croyait jouer sa tête pour le salut de son roi ! Mais Charles X ne se fiait qu’à ceux qui avaient un assez grand fonds de bassesse pour asservir sans réserve leur pensée à la sienne. C’était peu connaître l’art de régner, qui consiste, non pas à annuler l’initiative du génie d’autrui, mais à se l’approprier, comme firent Louis XIV et Napoléon.

Du reste, et par une de ces contradictions faciles à comprendre dans des journées aussi pleines d’imprévu, Charles X montra autant d’hésitation quand le duc de Mortemart voulut remplir sa mission, qu’il avait mis d’empressement à la lui faire accepter. « Sire, lui disait son nouveau ministre, le temps presse : il faut que je parte. » Et le roi répondait : « Pas encore, pas encore : j’attends des nouvelles de Paris. »

Pendant la nuit arrivèrent MM. d’Argout et de Vitrolles. Ils coururent chez M. de Mortemart pour le solliciter à une décision prompte. « Mais comment me faire reconnaître dans la capitale, disait le duc de Mortemart ? Voulez-vous que je m’y présente comme un aventurier politique ? Il me faudrait, au moins, la signature du roi. » Les nouveaux venus insistèrent. Ils avaient vu Paris dans une de ces situations violentes où il suffit d’une minute pour donner comme pour enlever un empire.

Il fut donc décidé qu’on rédigerait à la hâte des ordonnances révoquant celles du 25 ; rétablissant la garde nationale, dont le commandement était confié au maréchal Maison ; nommant M. Casimir Périer aux finances et le général Gérard à la guerre.