Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/424

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Une issue honorable était ouverte à ses désirs, quelque audacieux qu’ils pussent être, et son ambition était trop bourgeoise pour le pousser à d’héroïques ardeurs. En prenant sous sa tutelle la royauté d’un enfant, il conciliait avec les jouissances du pouvoir ce respect du principe de légitimité, qu’il n’était peut-être pas sans péril de violer, et il s’assurait les bénéfices de la monarchie, sans en ébranler les fondements. Voilà ce que pensèrent tout d’abord ceux qui croyaient lire dans l’âme du prince, et M. Sébastiani tint un langage conforme à ces sentiments. D’autres étaient convaincus, comme Béranger, que c’était tout risquer que de ne pas précipiter les choses, et qu’il fallait, sous peine d’exciter de nouvelles tempêtes, prendre une résolution qui eût la puissance de tout ce qui est net et décisif. Au milieu de ces opinions diverses, le prince ne hasardait aucune démarche éclatante, et parlait sans cesse de sa répugnance naturelle pour les soucis d’un aussi grand pouvoir. Mais en même temps, il s’expliquait avec vivacité sur les inconvénients d’une régence et sur les soupçons auxquels ouvrait naturellement carrière toute situation indécise ; on racontait même qu’il avait dit à ce sujet : « Henri V n’aurait qu’à avoir une douleur d’entrailles, je passerais en Europe pour un empoisonneur. »

Charles X, à Rambouillet, se trouvait encore à la tête de plus de 12,000 hommes, et, quoique déchue, cette royauté était gardée par trente-huit bouches à feu. Un tel voisinage ajoutait aux embarras d’une position qui par elle-même exigeait déjà tant de