Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/452

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Au milieu de ces intrigues, l’austère Dupont (de l’Eure) se trouvait déplacé et mal à l’aise. Séduit par la bonhomie du prince, il le croyait impatient du joug de ses nouveaux courtisans ; il n’en luttait pas moins péniblement contre le dégoût que le pouvoir lui inspirait. Et puis, les chefs de ce qu’on appela plus tard l’école doctrinaire dominaient déjà sourdement dans le conseil. Il fut aisé de le reconnaître au fameux erratum du Moniteur, où à ces mots « Une charte sera désormais une vérité », étaient substitués ceux-ci : « La charte sera désormais une vérité. »

Au fond, parmi les chefs de la bourgeoisie victorieuse, les dissidences étaient plus vives dans leur manifestation que sérieuses par leur objet. Le maintien de l’ordre social fondé sur la concurrence la liberté de l’industrie, celle du commerce, et, dans de certaines limites, celle de la presse, l’empire de la banque, la consécration des inégalités de fortune, la concentration de la puissance politique dans la classe moyenne plus ou moins sévèrement circonscrite, voilà ce qu’ils voulaient tous d’une commune ardeur.

Seulement, les uns, tels que MM. Dupont (de l’Eure) Laffitte, Bérard, Benjamin Constant, Eusèbe Salverte, Demarçay, auraient désiré qu’on se laissât aller plus volontiers sur la pente des idées libérales ; que le pouvoir monarchique fût plus limité ; que le cens électoral lut réduit ; que la liberté individuelle fût plus respectée, et la puissance de la presse abandonnée avec moins de défiance à son élasticité naturelle ; en un mot, ils demandaient