Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/461

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des troupes étrangères de l’armée nationale ; l’initiative des lois également attribuée aux trois pouvoirs ; la suppression du double vote électoral ; l’âge et le cens convenablement réduits ; enfin, la reconstitution totale de la pairie, dont les bases ont été successivement viciées par des ministres prévaricateurs.

Nous sommes les élus du peuple, Messieurs ; il nous a confié la défense de ses intérêts et l’expression de ses besoins. Ses premiers besoins, ses plus chers intérêts sont la liberté et le repos. Il a conquis sa liberté sur la tyrannie ; c’est à nous d’assurer son repos, et nous ne le pouvons qu’en lui donnant un gouvernement stable et juste. »

A ces conditions, M. Bérard proposait à ses collègues de proclamer le duc d’Orléans roi des Français, et de le proclamer immédiatement. La proposition de M. Bérard fut portée au conseil par M. Dupont (de l’Eure) : elle ne parut pas suffisamment monarchique à la partie doctrinaire du cabinet. Des regards plus pénétrants que ceux de MM. Guizot et de Broglie, y découvrirent un défaut plus grave. Elle contenait un exposé de principes dont elle ne fixait pas l’application, et qui devaient être ultérieurement discutés. N’y avait-il pas là un danger sérieux pour une monarchie qui, au fond, ne voulait pas trop différer des autres monarchies ? Laisser dans le vague le pacte constitutionnel, c’était ouvrir carrière à des controverses sans fin, et introduire l’esprit révolutionnaire dans les commencements d’un règne. Ne valait-il pas mieux profiter de l’étourdissement public pour