Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/493

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achats convenablement calculés. Mais l’accorder, ce délai, c’était consacrer une injustice. Car, en premier lieu, on rendait tous les joueurs à la baisse victimes d’une perfidie que tous n’avaient pas commise ; et, ensuite, on méconnaissait arbitrairement, au profit des uns, au détriment des autres, le caractère essentiellement aléatoire des opérations de bourse. N’importe. Les joueurs à la hausse étaient du côté des vainqueurs : l’arrêté qu’ils désiraient fut pris par le commissaire au département des finances, et l’opulence compromise en des marchés honteux, en des spéculations illicites, obtint une protection qu’attendirent en vain des ouvriers réduits au désespoir, et offrant leur travail pour un peu de pain.

Pour cette charte qu’on révisait, le sang des pauvres avait coulé à flots, et le gouvernement n’ignorait point la grandeur du sacrifice, lorsque le 5 août, il faisait publier par le Moniteur, journal officiel, l’article suivant :

« Les renseignements qui ont été donnés dans divers journaux sur le nombre des blessés et des morts étaient inexacts ; nous croyons devoir donner les suivants, transmis hier, 4 août, à l’Académie royale de médecine, par les divers chirurgiens ou médecins des hôpitaux : Hôtel-Dieu. Il y est entré près de cinq cents blessés, appartenant pour la plus grande partie aux citoyens, puisqu’on ne comptait que vingt-cinq militaires sur ces cinq cents blessés. Il en est mort trente-huit le premier jour, douze le deuxième et huit le troisième.