Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/499

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missaires, et il trouvait injuste qu’on l’empêchât de voyager avec lenteur ; car, après tout, il y avait dans ce voyage le regret de la patrie perdue et des tombes paternelles abandonnées. Peut-être aussi conservait-il au fond du cœur quelque confuse espérance : la Vendée n’était pas loin de la route.

Mais on lui créa bientôt d’autres sujets de souci.

Le 10 août, un nouveau commissaire arrivait à Falaise. C’était M. de La Pommeraye, député du Calvados. En apprenant que M. de La Pommeraye avait pour mission de hâter la marche du cortége et de lui faire prendre la route de Caen, Charles X fut extrêmement troublé. N’était-ce pas assez qu’un prince de sa famille lui eût enlevé sa couronne ? Pourquoi enviait-en ainsi à un vieillard cette unique et amère douceur de s’attarder un peu sur une terre où il était né, et qui sans doute ne renfermait pas ses dépouilles mortelles ? Il résolut de résister cette fois. Une petite auberge s’élevait sur la route, à quelque distance de Falaise. Ce fut le lieu que le roi choisit pour sa première entrevue avec M. de La Pommeraye. Il accueillit l’envoyé du Palais-Royal avec une politesse froide, et se montra inébranlable dans ses résolutions. Il fallut prendre, selon sa volonté, la route de Condé-sur-Noireau. Mais, quant à la lenteur du voyage, la résistance de Charles X avait été prévue, et tout était préparé pour la dompter.

Dès le 10 août, le général Gérard, ministre de la guerre, avait écrit au commandant de Cherbourg qu’il eût à organiser une colonne mobile pour se porter au-devant de l’escorte et, s’il en était besoin,