Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/501

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rent sur le chemin, tenant des branches de lys qu’ils donnèrent aux fugitifs. Famille d’un poète, saluant celle d’un roi, sur la route de l’exil !

On arriva ainsi à St-Lô. Là, Charles X apprit qu’une foule menaçante et armée, commandée par le général Hulot, l’attendait à Carentan. Les gardes nationaux soulevés n’étaient guère qu’au nombre de 400 et n’avaient que deux canons hors d’état de servir. Mais, comme on n’avait d’autre but que d’effrayer les fugitifs, on exagéra le péril. Charles X crut la vie de son petit-fils menacée, et, fatigué de cette lutte dans la douleur, il s’abandonna tout entier.

Les commissaires qui avaient écrit au général Hulot pour presser son arrivée, lui écrivirent alors, par l’intermédiaire du général Maison, pour presser son départ. Pour mieux calmer un mouvement qui n’était plus nécessaire, M. de la Pommeraye prit les devants, et ses exhortations déterminèrent à une prompte retraite la plupart des gardes nationaux rassemblés à Carentan. Le général Hulot partit lui-même de cette ville de grand matin, il ne restait plus de ce soulèvement artificiel qu’une agitation peu dangereuse. Le but se trouvait atteint : aucune violence n’avait été commise, ce qui eût indigné l’Europe, et, cependant, on avait assez effrayé Charles X pour le forcer à une fuite précipitée. Dès ce moment, en effet, il se hâta vers son exil éternel.

Tout réussissait à ce duc d’Orléans.

Le voyage de Cherbourg fut triste et solennel jusqu’au bout. Les deux princesses marchaient à pied les jours de gai soleil. Leur mise était fort négligée, parce que les gens de leur service n’avaient pu em-