Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/52

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rablement parce qu’il était modéré, soumis et même un peu triste. Mais quand le garde des sceaux vint faire retentir à la tribune les vieilles formules monarchiques, ce fut dans toute l’assemblée un mouvement terrible. Ordonnance de réformation, avait osé dire M. d’Ambray en parlant de la charte… et les murmures couvrirent sa voix. Murmures fatidiques ! murmures qui, quinze ans plus tard, devaient, excités par le même mot, se changer en une effroyable tempête ! Ainsi, par une singularité fatale, les quatre syllabes qui, en 1814, commencent la lutte, sont celles qui la finirent en 1830 ! C’est qu’en effet, entre la bourgeoisie et la royauté, là question était en 1814 ce qu’elle est aujourd’hui, et il s’agissait de savoir qui l’emporterait du principe électif ou du principe héréditaire, de la souveraineté des assemblées ou de celle des couronnes, de la loi ou de l’ordonnance !

Pendant qu’à la surface de la nation on posait de la sorte le formidable problème de l’unité dans le pouvoir, Paris était le théâtre des agitations les plus diverses. Les impérialistes conspiraient, préparant je ne sais quelles voies tortueuses et obscures au retour d’un homme qui n’avait qu’à frapper la terre du pied pour en faire jaillir une armée. Fouché fréquentait ces artisans de petits complots, non pour les seconder, comme on l’a cru, mais pour mieux les trahir. Son égoïsme ne l’avait pas trompé : il sentait que la force était du côté des intérêts bourgeois et