Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/54

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armée en délire ; il s’avançait rapide comme ses aigles dont l’image surmontait l’étendard impérial. Vingt jours, le temps de courir de la Méditerranée à la Seine, il lui fallut à peine cela pour ressaisir l’empire. Il entra dans sa capitale par une porte, tandis que, fuyant par la porte opposée, l’autre royauté se hâtait, morne et tremblante, vers un second et plus humiliant exil. C’est peu. Le lendemain, passant en revue ses légions fidèles, il se faisait de nouveau saluer César ; et quelques jours après, comme pour témoigner de la puissance de cet homme sur le monde, les souverains réunis à Vienne envoyaient l’ordre à leurs armées en retraite de faire volte-face et de regarder vers la France. Le destin pouvait-il plus pour la gloire d’un mortel ? Vain éclat ! triomphe d’un jour ! Il y avait en France une force avec laquelle Napoléon n’avait pas compté et contre laquelle il allait se briser bien vite Un moment surprise, la bourgeoisie revient à elle. Le libéralisme se met pour la seconde fois à miner le trône impérial. Il faut que Napoléon consente à l’acte additionnel ; il faut qu’il subisse Fouché pour ministre et pour surveillant ; il faut qu’il tienne l’oreille ouverte à ce bavardage parlementaire dont son âme se fatigue et s’indigne. Mais les concessions sont aussi impuissantes que la dictature contre cette ligue de tous les intérêts mercantiles appuyée sur un respect hypocrite de la liberté et des droits du peuple. Toute l’Europe fait effort