Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/58

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admis auprès de vous. » — « Pour ce qui est de votre tête, répondit Fouché avec cette familiarité pittoresque de langage qu’il affectait, elle est aux mêmes crochets que la mienne. Vous aurez cinquante passe-ports et nous nous verrons, si cela vous convient, non pas une fois, mais deux fois par jour. » M. de Vitrolles devenait ainsi une sorte d’intermédiaire entre les Bourbons et Fouché : la restauration d’un côté, la bourgeoisie de l’autre.

Au reste, pendant que Fouché entretenait avec la cour de Gand des relations actives, il envoyait en Autriche des émissaires charges d’y plaider la cause du petit roi de Rome, et il écrivait à son collègue du congrès de Vienne, de sonder la diplomatie sur la candidature du duc d’Orléans, menant ainsi de front tous les complots, et se rendant possible dans toutes les combinaisons.

Les vues de Fouché, sur la branche cadette, furent adoptées sans peine par M. de Talleyrand. D’adroites insinuations les firent germer dans l’esprit de l’empereur Alexandre ; si bien qu’un jour, en plein congrès, le czar posa tout à coup la question de la sorte : Ne serait-il pas dans l’intérêt de l’Europe que la couronne de France fut placée sur la tête du duc d’Orléans ? À cette proposition inattendue, chacun demeura frappé de stupeur. Mais les Cent-Jours n’étaient-ils pas venus prouver l’impuissance politique des Bourbons aînés ? Entre un 24 janvier et un 20 mars, qu’elle place resterait pour la tran-