Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/64

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tées, une foule de petits propriétaires ruinés, l’agriculture de plusieurs provinces tarie dans sa source, des villes opulentes écrasées sous le poids de contributions arbitraires, tout ce que peut, enfin, et tout ce qu’ose la conquête, dans ses plus sauvages emportements, voilà ce que représentaient ces pièces d’or, qu’avec une insouciance remplie d’insulte les étrangers allaient semant dans Paris.

Autre résultat digne de remarque : de même que la France fut impitoyablement rançonnée au profit de la cité-mère, de même le corps de la bourgeoisie finit par être appauvri au protit de quelques heureux capitalistes. Les frais de subsistance des sept cent mille ennemis qui pesaient sur notre sol, l’épouvantable abus des réquisitions, l’augmentation des impôts de toute nature, les emprunts forcés, le milliard, prix de notre délivrance, quelle charge pour les bourgeois ! Il est vrai que, pour s’affranchir de cette charge, on dût recourir au crédit ; il est vrai que les conditions de l’emprunt contracté avec les banquiers étrangers Baring et Hoppe, et dont les principaux banquiers parisiens obtinrent un huitième, offrait aux prêteurs l’exorbitant bénéfice d’un intérêt de 20 à 22 p. 0/0 ; il est vrai que ces premières mesures financières de la Restauration étaient, à ce point favorables aux gros capitalistes, que si M. Casimir Périer attaqua, dans une brochure, le scandale de l’opération, ce fut, entr’autres choses, par ce motif qu’il eût été plus national de ne s’adresser