Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/81

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t-il pas comme une révélation de cette force dont les quinze années de la Restauration ne devaient être que le développement complet, sous le rapport politique  ?

Cette force invincible du principe électif considéré comme moyen de développement au profit de la bourgeoisie, cette force était si bien pressentie par les royalistes les plus intelligents, que quelques-uns d’entr’eux firent des efforts incroyables pour soutenir Fouché au pouvoir jusqu’à la réunion des députés ; témoin M. de Vitrolles, qui disait sans cesse  : «  Avant de renvoyer Fouché, attendez la chambre.  »

Mais voici quelque chose de plus significatif encore. Les élections sont terminées ; la chambre s’assemble. Ceux qui ont médité sur le caractère de toutes les réactions savent bien pourquoi cette chambre dût se dire exclusivement royaliste. On n’y parlait que du roi ; la fidélité au roi était la vertu de l’époque ; à s’en tenir au langage officiel, jamais la France n’aurait été plus complétement monarchique, et rien n’égale l’enthousiasme qui éclata dans l’assemblée, lorsque M. de Vaublanc y prononça ces paroles  : «  L’immense majorité de la chambre veut son roi.  » Mais quoi ! cette chambre, si éminemment royaliste, c’est par une vive série d’attaques contre la royauté qu’elle débute. Le premier projet de loi[1] présenté par le garde des

  1. Le projet de loi sur les cris séditieux.