Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/83

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frappait tous les régicides signataires de l’acte additionnel ; qui excluait à jamais du sol natal tous les membres de la famille Bonaparte ; qui mettait le séquestre sur les biens d’un si grand nombre de citoyens ; qui faisait, en un mot, du pouvoir judiciaire une dépendance du pouvoir législatif ! Cette grande usurpation, l’assemblée la sanctionne cependant sous les yeux du roi, qui avait formellement annoncé qu’il ne consentirait pas à la proscription des régicides.

On a dit qu’en cela Louis XVIII n’était pas sincère ; qu’au fond il abhorrait les régicides, et ne faisait semblant de les protéger que pour rejeter sur la chambre tout l’odieux de la proscription. Soit. Mais il s’était prononcé hautement, et ses ministres combattirent, en son nom, les projets de la chambre avec une extrême vivacité. Qu’on juge de l’effet que devait produire sur l’opinion une lutte aussi violemment déclarée, quelles que fussent d’ailleurs les secrètes pensées et l’hypocrisie des combattants ! Un jour, le duc de Richelieu vient dire à la chambre : « Le roi s’est fait rendre compte de vos propositions diverses et de vos utiles délibérations. Le testament de Louis XVI est toujours présent à sa pensée. » Et en entendant ces mots, la chambre reste immobile, muette ; la menace est sur tous les visages : il faut que le ministère ait recours à de longues négociations pour fléchir rassemblée. Elle consent enfin à rejeter les catégories sanglantes de M. de