Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/92

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course ardente vers la domination absolue, n’avait qu’un sentiment confus de son œuvre, et elle était loin de croire que rendre la royauté dépendante, c’était l’abolir. Mais, je le répète, les hommes sont presque toujours les jouets des choses qu’ils accomplissent. Les sociétés vivent sur un malentendu éternel.

Le ministère Dessole ne pouvait être et ne fut en effet qu’une suite non interrompue de victoires remportées sur la royauté par la bourgeoisie, armée du pouvoir parlementaire. Et d’abord, le premier acte de la session de 1818 fut le vote d’une récompense nationale pour le service que M. de Richelieu avait, disait-on, rendu à la France, en la délivrant de l’occupation étrangère. Ce qu’il nous coûtait ce service, je ne veux pas le rappeler. On pouvait dire avec vérité cette fois que l’honneur de la France avait sué par tous les pores. Mais la bourgeoisie avait atteint son but ; son opulence s’était accrue dans l’humiliation de la patrie : M. de Richelieu méritait bien pour cela quelque reconnaissance. Cet homme, néanmoins, avait une âme loyale. Ce fut son malheur d’avoir eu à signer l’abaissement de la France ; il n’en est pas moins vrai que le récompenser était un scandale : on ne lui devait que de le plaindre.

Quoi qu’il en soit, le vote de la chambre dans cette question était un acheminement manifeste à la dictature parlementaire : « Prenez garde ! criait-on des bancs de la droite. Tout ceci est anti-