Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/121

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Aberdeen refusait comme tardif l’envoi des troupes, mais il annonçait la prochaine réunion des plénipotentiaires des cinq cours.

Cette réunion eut lieu, en effet : la Prusse y était représentée par le comte de Bulow, la grande Bretagne par lord Aberdeen, la Russie par le comte Matuszewic. Elle prit le nom de conférence, et n’était qu’une continuation du congrès de Vienne. Aussi, ce fut avec un étonnement inexprimable que l’Europe y vit la France représentée par M. de Talleyrand. Car nous devenions par là complices de toutes les mesures prises par nos ennemis contre nous-mêmes. La conférence se tint à Londres, comme pour mieux prouver que c’était à l’Angleterre qu’appartenait le droit de régler le sort du monde.

Le prince d’Orange, de l’aveu de son père, avait établi à Anvers une espèce de contre-gouvernement. Il fit répandre une proclamation dans laquelle il reconnaissait l’indépendance de la Belgique. Or, l’incertitude des esprits était si grande encore dans ce pays, que reffet de la proclamation du prince y fut prodigieux. Le gouvernement provisoire affecta de la dédaigner, mais la cause du prince d’Orange était loin d’être perdue. « Des actes populaires, dirent à un envoyé du prince, MM. Van de Weyer et Félix de Mérode, pourraient peut-être détourner une solidarité qui pèse sur tous les membres de la maison de Nassau. »

Un événement grave vint simplifier la situation. Dans la nuit du 27 au 28 octobre, on entendit à Bruxelles comme un bruit lointain et formidable. Les membres du gouvernement provisoire avaient