Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inattaquable. « Quand me mettra-t-on en liberté ? » répétait-il sans cesse. On entendait, pourtant, retentir autour de la prison des clameurs sinistres.

Les commissaires eurent soin de tempérer par beaucoup d’égards l’austérité de leur mission. Ils coupaient court aux réponses des anciens ministres lorsqu’elles devenaient compromettantes. Les interrogatoires firent place très-souvent à des entretiens pendant lesquels les accusés purent oublier l’amertume de leur position. On apportait des rafraichissements, la conversation s’égarait sur des sujets frivoles, et l’image de l’échafaud disparaissait. Les prisonniers s’étaient plaint d’avoir été mis au secret : cette plainte fut accueillie avec faveur. M. Mauguin, surtout, se montrait disposé à adoucir le sort des coupables. M. de Polignac lui dût de recevoir la visite de la duchesse de Guiche.

Cependant, Louis-Philippe était vivement préoccupé du danger que pouvaient courir les derniers ministres de Charles X. Les livrer au bourreau, c’était donner à la révolution un gage sanglant, au risque d’aigrir encore davantage le cœur des rois.

La Convention avait frappé Louis XVI, froidement, sans haine, sans colère, comme on frappe un principe. Politique terrible, mais profonde ! Sachant bien ce qu’elle devait attendre des ressentiments soulevés contre elle, la Convention les voulut inexorables, furieux, pour qu’à la France, poussée au travers des tempêtes, il ne restât plus qu’un moyen de salut, le plus puissant de tous : le désespoir.

Louis-Philippe, dès le lendemain de son avènement, avait adopté une politique toute opposée. Il