Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/146

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ment conservateur que la bourgeoisie allait pousser jusqu’à la frénésie. L’impopularité des doctrinaires dans la classe moyenne, dont ils représentaient si bien les intérêts et les passions, ne pouvait donc tenir à la nature de leur politique ; elle naquit de leurs défauts personnels, de leur morgue. C’était l’orgueil qui, chez eux, faisait école.

Aussi, la nouvelle de leur défaite fut elle accueillie avec faveur par la plupart des journaux, la presse ne pouvant vivre que de mouvement et de liberté. Mais, à la chambre, gardienne jalouse des intérêts de la bourgeoisie, l’impression fut tout-à-fait inverse ; et l’on y saisit avec empressement l’occasion de se déclarer.

La lutte commença presque le lendemain de l’avènement du nouveau ministère, au sujet d’une proposition de M. Bavoux, relative aux journaux et écrits périodiques. M. de Tracy demandait que le cautionnement des journaux fut supprimé : M. Guizot déclara que, selon lui, le cautionnement devait être maintenu parce qu’il était « une garantie destinée à prouver que les hommes qui entreprennent un journal font partie d’une certaine classe de la société. » Ce langage, inconcevable dans un moment où le souvenir du rôle joué par le peuple en juillet palpitait encore, est applaudi par la majorité de la chambre. L’amendement de M. de Tracy est rejeté. En vain M. Bavoux demande que le cautionnement, soit réduit au quart ; en vain M. Barthe propose à ses collègues de supprimer le droit de timbre établi par l’ordonnance de 1816 sur les journaux ; toutes ces propositions sont repoussées