Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/148

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titutions nouvelles. « Eh bien, mes amis et moi nous nous sommes refusés à continuer la révolution de la sorte. » A la sensation produite par ces paroles, l’orateur put juger qu’il exprimait les passions de l’assemblée. Aussi, lorsqu’il ajouta : « Nous croyons avoir été fidèles non-seulement au caractère primitif de la révolution, mais à l’opinion réelle et sincère et aux intérêts de la France. » Oui, oui, s’écria-t-on de toutes parts.

« J’honore la république, messieurs, continue l’orateur, c’est une forme de gouvernement qui repose sur de nobles principes, qui élève dans l’âme de nobles sentiments, des pensées généreuses. Et s’il m’était permis de le dire, je répèterais ici les paroles que Tacite met dans la bouche du vieux Galba : Si la république pouvait être rétablie, nous étions dignes qu’elle commençât par nous. Mais la France n’est pas républicaine ; il faudrait faire violence à ses convictions pour y introduire cette forme de gouvernement… Je respecte les théories parce qu’elles sont le travail de la raison humaine ; les passions, je les honore, parce qu’elles jouent un grand et beau rôle dans l’humanité ; mais ce n’est pas avec des forces de cette nature que l’on fonde les gouvernements… »

Quand M. Guizot descendit de la tribune, l’émotion était profonde. Un grand nombre de députés arrêtaient l’orateur au passage pour le féliciter et lui presser les mains. Immobiles sur leur banc, les nouveaux ministres assistaient en silence à cette insultante ovation.

M. Odilon-Barrot se leva. Il était nouveau à la