Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/150

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défiance et de l’hostilité ; mais sauf cette disposition générale, aucune dissidence fondamentale de système ne séparait les membres du dernier cabinet. »

Cette déclaration était parfaitement sincère, plus sincère, peut-être, que ne le pensait M. Laffitte lui-même. Eh bien ! personne n’y crut. Les partisans du cabinet reprochèrent à M, Laffitte d’avoir trop ménagé ses anciens collègues, d’avoir établi entre leurs doctrines et les siennes une parenté évidemment impossible.

C’était dans ce cercle de malentendus que tournait la politique. La bourgeoisie victorieuse mettait un plaisir frivole à se diviser. On se battait avec des mots, comme pour mieux oublier que les semences d’une guerre sérieuse étaient au fond des choses. Quant au peuple, environné de ténèbres, il écoutait dans le lointain, sans en être irrité, mais sans le comprendre, tout ce bruit de batailles imaginaires. Que les ministres de Charles X n’obtinssent pas le privilège de l’impunité, voilà ce qui absorbait toutes ses pensées.

On ne l’ignorait pas à la cour ; et Dupont (de l’Eure) y était traité avec des ménagements infinis. On n’y avait pas oublié, cependant, qu’en prenant possession du ministère, il avait refusé les vingt mille francs de frais d’installation que le baron Louis le pressait d’accepter. Refus bien naturel puisque ce genre d’allocation n’ayant pas été voté par la chambre, passer outre c’était se rendre concussionnaire. Mais les collègues de M. Dupont (de l’Eure) avaient regardé comme une offense ces scrupules qu’ils ne