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français, avec une énergie que le voisinage de la France rendait très-alarmante pour le cabinet de Berlin. On peut juger de la situation morale de ce cabinet par le cri que le roi de Prusse laissa échapper, à la nouvelle des événements de Paris : « Si les Français ne vont que jusqu’au Rhin, je ne bouge pas. »

Quant à l’Autriche, elle aurait dû suivre avec anxiété les accroissements de la Russie qui la menaçait, et sur les bords du Danube et sur l’Adriatique. Mais gouvernée par M. de Metternich, homme d’état sans initiative et sans portée, elle ne se préoccupait alors que des dangers que faisaient courir à sa suprématie, l’ambition de la Prusse en Allemagne et l’esprit révolutionnaire en Italie.

L’Angleterre elle-même, ordinairement si habile, si attentive aux mouvements généraux de l’Europe, l’Angleterre semblait avoir oublié ces paroles de lord Chatam : « Avec un homme qui ne voit pas les intérêts de l’Angleterre dans la conservation de l’empire ottoman, je n’ai pas à discuter. » Et, en effet, l’influence de l’Angleterre dans la Méditerranée, considérablement affaiblie ; l’importance de ses possessions du Levant détruite ; ses projets de communication avec l’Inde par la Turquie anéantis à jamais ; la perte, à peu près inévitable, d’un débouché ouvert à l’exportation annuelle de trente millions de produits anglais, tels devaient être tôt ou tard, pour la Grande-Bretagne, les résultats de la domination des Russes à Constantinople.

D’aussi graves considérations n’avaient point échappé sans doute à la pénétration des diplo-