Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/219

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réjouir, et, dans son langage qu’il aimait à faire descendre aux formes d’une familiarité pittoresque, il comparait les élans du peuple à certains mouvements auxquels les maquignons reconnaissent la vigueur d’un étalon.

Cela ne l’empêchait pas de tout préparer pour une répression prompte. Au fond, il était peut-être bien aise de se poser devant l’Europe comme un roi conservateur, lui qui jusque là n’avait été, à l’égard des autres monarques, que le représentant couronné d’une révolte heureuse.

Une seule chose l’inquiétait : il se croyait mal secondé. Toute révolution éveille chez les subalternes l’esprit d’aventure, et crée par conséquent, chez les ambitieux que la fortune à salué, une certaine disposition à ne voir partout que trahisons et complots. Une défiance excessive régnait à la cour de Louis-Philippe ; et le besoin de contrôle qui en résultait, avait fait naître plusieurs polices diverses dont les rapports se croisaient, se contredisaient les uns les autres, et rendaient tout incertain. C’étaient à chaque instant des récits absurdes ou mensongers et mille dénonciations n’ayant d’autre motif que la nécessité, pour les dénonciateurs, de gagner leur salaire en prouvant leur importance. C’est ainsi que le général Fabvier avait été désigné à la cour comme un homme qui nourrissait des projets dangereux. On lui avait, cependant, confié le soin de veiller sur la vie des ministres de Charles X, peut-être pour déconcerter, en lui imposant des obligations d’honneur, les pensées inquiètes qu’on lui supposait.