Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/234

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par les étudiants il y avait un principe de désordre.

La cour le sentait bien sans doute ; mais sa politique étant, alors, une politique d’expédients, elle ne repoussait rien de ce qui pouvait lui faire gagner du temps, et conduire sa destinée jusqu’au lendemain.

Aussi, lorsque la députation des écoles vint au Palais-Royal, le roi l’accueillit avec beaucoup de grâce, et la renvoya charmée de la simplicité affectueuse de ses manières.

Dans toute civilisation fausse ou imparfaite, le peuple, pour marcher au combat, a besoin d’avoir des chefs qui ne soient pas sortis de ses rangs. Les positions supérieures ont beau peser sur lui, il est dans sa nature, après en avoir envié l’éclat, d’en subir volontiers l’empire. Au mois de décembre, la foule n’attendait peut-être que les chefs en habit bourgeois. Comme il ne s’en présentait point, et qu’elle trouvait au contraire pour contradicteurs tous ceux qui portaient un costume différent du sien, elle fut aussitôt déconcertée, et se dissipa, son plus sérieux embarras étant de n’avoir à compter que sur elle-même.

Le soir, tout était rentré dans l’ordre, selon le langage des dominateurs du jour. La ville était illuminée comme la veille ; mais, chez les heureux, les sombres préoccupations avaient fait place à une sorte de joie fanfaronne et grossière.

Entre le péril qui cesse et la sécurité qui commence il est un court moment où l’on peut se donner le mérite du courage sans en courir les mau-