Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vasion formidable que 35,000 hommes d’infanterie, 10,000 cavaliers et 136 bouches à feu. Le reste de ses forces, s’élevant à 15,000 hommes, était dispersé dans les garnisons de Praga, de Modim et de Zamosc.

L’armée de Diébitch avait passé sur la glace les marais de la haute Narew, et elle se trouvait resserrée entre la Narew et le Bug, marchant vers le confluent de ces deux fleuves mais une nuit de dégel ayant tout-à-coup amolli les terres et entrouvert les glaces le feld-maréchal changea brusquement son plan de campagne et résolut de transporter sa ligne d’opération sur la rive gauche du Bug, laissant en arrière toute son aile droite composée de 25, 000 grenadiers sous les ordres du prince Szachoskoï. Chlopicki a deviné ce grand mouvement. Il propose d’aller passer le Bug, et de tomber sur les colonnes russes à mesure qu’elles arriveront, ou bien de se tenir sur la rive gauche, de culbuter l’ennemi dans la débâcle du fleuve, et d’en défendre le passage de manière à renfermer Diébitch entre deux larges courants qui allaient devenir infranchissables. D’autres pensaient à brûler Varsovie ; on aurait déplacé le théâtre de la guerre ; on serait allé joindre les Lithuaniens en révolte ; on aurait poussé, au besoin, jusqu’à Constantinople, et, de là, soulevant la Turquie, on aurait tenu en échec ce grand empire du Czar, embarrassé de son étendue. Hardiment exécuté, ce plan pouvait sauver la Pologne mais Radziwill ne songea qu’à ramasser toutes ses troupes autour de la capitale et à livrer sous Praga une bataille décisive. Intelligence timide, il ne