Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/312

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tien de l’ancienne loi électorale, à cela près que le cens d’éligibilité serait réduit de 1000 à 750, et le cens électoral, de 500 à 240 fr..

Ce projet de réforme répondait aux sentiments de la majorité de la chambre, précisément parce qu’il était dérisoire. Mais n’y avait-il point péril à l’adopter ? car la controverse provoquée par la loi d’élection était devenue extrêmement aigre et violente. En parlant du travail de la commission, la Gazette de France disait : « Avant la révolution, 500 fr. ; après, 240. Différence en faveur de la révolution : 60 fr. » – Et les légitimistes, commentant ce mot avec d’amères railleries, insultaient à la stérilité des insurrections populaires. Plus sincères que les légitimistes, les républicains ne montraient pas moins, d’ardeur, et la doctrine du suffrage universel, qu’ils prêchaient, gagnait les esprits rigoureux tout en émouvant les âmes désintéressées, parce que c’était une doctrine simple, décisive, logique, sans ambages, sans réticences, et propre à exalter la plus active passion de l’homme : l’amour de l’égalité. Braver cette passion était chanceux : il y avait à transiger avec elle, à la flatter par d’apparentes concessions, prudence et habileté. L’opinion qui fixait à 200 fr.— le cens électoral avait donc prévalu dans la presse : elle ne tarda pas à prévaloir dans la chambre. M. de Lafayette lui donna publiquement son adhésion, sans dissimuler ses sympathies pour un système beaucoup plus large, et M. de Sade la formula en amendement, dans la séance du 25 février. Ce jour-là plusieurs membres de la majorité étaient absents. La minorité, gagnée à la pro-