Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/321

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C’était une révolution profonde et propre à changer la face du catholicisme, que cette révolution d’Italie qui tendait à rayer le pape de la liste des souverains temporels, tout en lui laissant le titre de chef suprême et inviolable de l’Église. Car la décadence du catholicisme, l’altération de son principe, la chute de ses traditions, l’alliance adultère de la cour de Rome avec les tyrannies originairement combattues par elle, tout cela était le fruit de cette puissance temporelle des papes, définitivement consacrée par Alexandre VI, agrandie par l’épée de Jules II, et maintenue, depuis, à force d’intrigues, d’iniquités, de scandales. Devenus princes au même titre et de la même sorte que les autres princes de la terre, les papes avaient dû naturellement subir le joug des intérêts mondains. Et c’est ainsi que la papauté, jadis tutrice des peuples, s’était peu-à-peu rendue complice de leurs tyrans. Enlever son pouvoir temporel au Saint-Siège, c’était fortifier, en l’épurant, son pouvoir spirituel ; c’était le forcer à reprendre la tutelle du monde.

Sous ce rapport, l’insurrection de la Romagne contre le pape avait un caractère essentiellement démocratique et universel, un caractère français par conséquent. L’appuyer était donc pour la France et un devoir de sympathie et une affaire de haute politique.

Mais le cabinet du Palais-Royal avait des vues moins élevées, et nourrissait des projets dont les patriotes italiens ne pouvaient pénétrer le sens caché. Ils résolurent d’agir.

Il fut décidé que le signal de la révolution parti-