Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/344

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gères, entrait dans cette ville où, en témoignage de sa perfidie, allait couler le sang de Menotti, devenu sa victime pour n’avoir pas voulu devenir son meurtrier ; enfin, les insurgés de Modène se dirigeaient sur Bologne, apportant à leurs frères des légations le secours de leurs armes et d’un ressentiment immortel.

Ce fut alors qu’apparut clairement le piège tendu au Italiens par le principe de non-intervention. Apres l’occupation de Ferrare par les Autrichiens, le gouvernement de Bologne avait envoyé le comte Bianchetti à Florence, avec mission d’y sonder, sur les dispositions de l’Angleterre et de la France, les représentants de ces deux pays. La réponse avait été favorable ; les cœurs étaient remplis d’espérance et de joie. Convaincu que la parole donnée au monde par un ministre du roi des Français était inviolable, mais, que pour avoir droit à la protection du principe de non-intervention, les Italiens devaient le respecter les premiers, le gouvernement de Bologne ferma les yeux sur l’intervention de l’Autriche à Modène, et, quand les Modenais commandés par le noble général Zucchi se présentèrent, il les désarma. Il alla plus loin encore. Trompant la tendresse inquiète de leurs parents, Napoléon et Louis Bonaparte, fils du comte de St.-Leu, s’étaient jetés vivement dans l’insurrection et avaient déployé aux avant-postes un brillant courage : ils furent rappellés en toute hâte par le général Armandi, tant on mettait de soin à conjurer le mauvais vouloir de la diplomatie et à délivrer le Palais-Royal de tout sujet d’alarmes !