Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/346

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d’atténuer par le mensonge de ses prétentions l’insolence de ses dédains. M. Hubert se rendit à Paris. Il y plaida la cause confiée à sa loyauté avec beaucoup d’énergie et de noblesse. Le gouvernement transis ne devait-il pas, au moins, s’offrir comme médiateur entre le Saint-Siège et les provinces insurgées ? L’insurrection italienne avait eu des motifs incontestablement légitimes. Éteindre l’embrasement de l’Italie, en y faisant triompher la justice et en la sauvant des ravages d’une invasion brutale, quel rôle plus digne d’un pays tel que la France ! Une politique généreuse et fière était, d’ailleurs, de toutes les politique la plus sûre, la plus prudente. Faire bénir le nom français par le midi de l’Europe ne pouvait être d’un médiocre avantage. Où sont les alliés naturels d’un peuple en révolution si ce n’est dans les contrées ou le souffle de l’esprit révolutionnaire a passé ? Mais on avait hâte, au Palais-Royal, de faire tomber les agitations produites par la grande secousse de 1830. L’intérêt dynastique dominait tous les calculs de la sagesse aussi bien que tous les conseils du devoir. M. Hubert fut reçu poliment par MM. Casimir Périer et Sébastiani, et ne put rien obtenir. Non content d’empêcher les Italiens qui se trouvaient sur notre sol d’aller au secours de leur patrie, le gouvernement français laissait les Autrichiens fondre sur Bologne. C’était aider nos ennemis à violer contre nos amis le principe proclamé par nous-mêmes.

Le 21 mars, tes Autrichiens entrèrent à Bologne. Le gouvernement provisoire courut se réfugier à Ancône, dernier asile ouvert à la liberté italienne.