tice, pourvoyeur d’infâmes débauches et couverts de crimes que la plume se refuse à retracer. Krukowiecki, auteur présumé de ces meurtres[1], crime d’un petit nombre, s’en servit pour saisir le pouvoir. Il courut au palais du gouvernement et nommé gouverneur de la ville, il dissipa les attroupements d’un signe de sa cravache. Tout rentra dans le silence. Il ne restait plus à la Pologne qu’un malheur à subir !
Le lendemain, les quintumvirs, humiliés, accablés de leur impuissance, donnèrent leur démission. La Diète, changeant la forme du gouvernement, décréta que le pouvoir serait confié à un président qui se choisirait six ministres et aurait le droit de nommer le généralissime. Krukowiecki fut élu à une grande majorité. Le premier soin du nouveau dictateur fut de destituer Dembinski et de nommer en sa place le général Malachowski, vieillard octogénaire et plein de patriotisme qui avait déjà refusé le commandement en montrant sa tête blanchie.
Pendant ce temps Paskéwitch avançait toujours. L’armée polonaise était ramassée sous les remparts de Varsovie, et le feld-maréchal n’était plus qu’à un mille de la capitale. Rudiger venait de passer la Vistule avec 15, 000 hommes et 40 pièces de canon et
- ↑ Le général a publié une explication de sa conduite. Toutefois, MM. Roman Soltyk et Louis Miéroslawski qui ont écrit l’un et l’autre, avec des qualités et des opinions diverses, mais tous deux avec beaucoup de cœur et de talent, l’histoire de la révolution de Pologne, s’accordent à représenter Krukowiecki comme l’auteur de la nuit du 15 août. Cette opinion paraît être aussi celle de M. Marie Brzozowaski, exact et loyal historien des opérations militaires, et elle concorde avec les renseignements particuliers que nous avons recueillis.