Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/480

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

signa à contre-cœur la capitulation qui livrait Varsovie ainsi que le pont et la tête de pont de Praga. Les Russes accordèrent en échange aux Polonais un armistice de 48 heures pour évacuer Varsovie avec armes, munitions et effets d’habillement. Mais tandis que l’armée se retirait sur Modlin emmenant avec elle la Diète, dont la plupart des nonces étaient à pied, les Russes, une fois en possession de Praga, violèrent audacieusement la capitulation en s’opposant à la sortie des effets militaires. Au lieu de rejoindre l’armée principale, Ramorino crut devoir prendre une autre route il dut entrer en Gallicie, et y déposa les armes. Le dernier généralissime des Polonais, Rybinski, marcha sur la Basse-Vistule, et se vit forcé de se réfugier en Prusse Au moment de mettre le pied sur cette frontière, Dembinski fit tout-à-coup volte-face avec l’arrière-garde, et il eut la gloire de brûler contre les Russes la dernière cartouche de la Pologne.

Le 15 septembre la nouvelle de ce désastre fut annoncée à la France par quelques lignes, cruellement concises, du Moniteur. Ce ne fut d’abord, comme il arrive dans les grandes douleurs, qu’une sorte de surprise morne, et il y eut un accablement universel. Des mille préoccupations de la veille, pas une ne survivait : les débats sur les grades des cent-jours, l’abolition de la pairie héréditaire, le rapport de M. Bérenger sur cette question si importante, les admirables pamphlets qu’elles avaient inspirés à M. de Cormenin, tout avait été oublié ; une seule pensée remplissait les esprits : la Pologne ! un seul mot sortait de toutes les bouches : la Pologne !