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La religion présida aux funérailles, qui se firent avec beaucoup de pompe et où figurèrent plusieurs des fils du roi. Le corps ayant été porté à St.-Denis, le clergé épiscopal le vint recevoir à la porte de l’abbaye ; et de la basilique, dont l’hymne ordinaire des morts fit retentir les voûtes, les prières de l’église accompagnèrent le cercueil dans le caveau qui garde la poussière des rois.

Tel fut cet événement. Madame de Feuchères quitta précipitamment St.-Leu, et se rendit au Palais-Bourbon, poursuivie par d’étranges pensées. Durant quinze nuits, elle fit coucher l’abbé Briant dans sa bibliothèque, et madame de Flassans dans sa propre chambre, comme si elle eût craint que quelque image funèbre ne vint se lever devant elle dans la solitude des nuits. Mais bientôt, revenue de son émotion, elle se montra confiante et résolue. Depuis long-temps elle jouait à la bourse, sur un capital énorme : elle donna suite à ses opérations, et, dans l’espace de quelques mois, elle se trouvait avoir gagné des sommes considérables.

Cependant, des murmures sinistres commençaient à s’élever de toutes parts ; les princes de Rohan préparaient tout, et pour un procès civil, et pour un procès criminel. À St.-Leu, à Chantilly, l’opinion du suicide ne rencontrait guère plus que des incrédules à Paris, on se livrait aux conjectures les plus hardies, dans les salons, dans les ateliers, partout. Un nom auguste, mêlé à celui de madame de Feuchères, fournit aux passions de parti une arme qu’elles saisirent avidement. On mit une sagacité cruelle à remarquer que, dès le 27, la cour avait