Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/89

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ment et de les promettre et de les refuser. Mais quelques jours après, il mit à la disposition de M. de Lafayette cent mille francs, tirés de la cassette royale, et destinés à soutenir les tentatives des révolutionnaires espagnols. Soixante mille francs furent portes à Bayonne par M. Chevallon, et M. Dupont fut chargé d’aller en remettre quarante mille à Marseille, au colonel Moreno, qui devait les faire passer au général Torrijos.

Devenus de la part du gouvernement français, l’objet d’une protection aussi directe, les réfugiés espagnols s’élancèrent, le cœur plein d’espoir, à la conquête de leur patrie. Chaque jour, des bandes de trente, quarante, cinquante hommes, partaient pour les Pyrénées, tambour battant et enseignes déployées. Des feuilles de route étaient distribuées aux volontaires par M. Girod de l’Ain, préfet de police. L’impériale des voitures publiques était toujours retenue d’avance pour les proscrits. Enfin, comme on rassemblait des fusils de toutes parts, et que l’ambassadeur d’Espagne, M. d’Ofalia, s’en plaignait, on fit de secrets dépôts d’armes, avec l’assentiment de MM. Montalivet et Guizot.

Le général Mina était à Paris, se disposant à courir aux Pyrénées. Le maréchal Gérard eut une entrevue avec ce célèbre chef de partisans, lui prodigua les témoignages de la plus vive sympathie, et promit sa cause l’appui du gouvernement français. « Mais il importe, lui dit-il, de ne rien brusquer. Partez pour Bayonne, sans retard, et jurez-moi de vous abstenir de toute entreprise, jusqu’à ce que la France se soit nettement posée à l’égard de l’Eu-