Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/95

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tout oser, et les plus téméraires en apparence étaient en réalité les plus sages, car la paix était également au fond de l’un et de l’autre système. Seulement, la France l’imposait à l’Europe en secouant les traités de 1815, tandis qu’en y adhérant, elle était forcée de l’implorer. Et en imposant la paix, elle en dictait les conditions ; en l’implorant, elle s’abaissait à les subir.

Malheureusement la politique propagandiste manquait d’interprètes puissants par leur position sociale. À l’exception du général Lamarque, du général de Richemont, et de M. Mauguin, qui entretenait avec les partisans de la France en Belgique une correspondance assidue, aucun homme haut placé ne se présentait pour résister avec vigueur aux tendances ultrà-pacifiques de la cour. La plupart des vieux généraux de l’empire n’aspiraient plus qu’à éteindre dans les douceurs du repos les restes de leur vie agitée. Quelques-uns d’entr’eux voyaient dans l’adoption d’une politique voulue par les nouveaux dispensateurs de la fortune, une voie plus facile ouverte à leur ambition. Dans la sphère ou s’agitaient les questions diplomatiques, la France, industrielle était tout, la France guerrière n’était plus rien.

Toutefois, le parti propagandiste mit activement à profit l’état d’hésitation où la révolution de juillet venait de plonger la France, et l’affaiblissement momentané de tous les pouvoirs. Plusieurs de ses émissaires partirent pour la Belgique. Ils y échauffèrent les esprits et y jetèrent parmi le peuple la semence des passions dont ils étaient animés eux-mêmes, si