Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/97

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que pour acquérir la douce certitude que les maux dont on se plaint seront aussitôt réparés que connus. Les s.-s. sont convaincus qu’un des meilleurs moyens de parvenir à ce but si désiré sera la prompte convocation des états-généraux.

Bruxelles, ce 28 août 1830. »

Il est certain que la bourgeoisie belge, considérée dans ce qui constituait sa principale force, c’est-à-dire les industriels et les commerçants, était beaucoup plus portée à craindre une révolution complète qu’à là désirer : d’abord, parce qu’une semblable révolution aurait créé naturellement à la Belgique une situation violente et l’aurait précipitée dans un avenir plein d’orages ; ensuite, parce qu’une secousse aussi profonde n’était point nécessaire pour amener le redressement des griefs dont on se plaignait. Dans la deuxième chambre, 55 députés représentaient le nord, 55 députés représentaient le midi : quelques voix de plus acquises à la représentation méridionale suffisaient donc pour renverser les bases de l’union et faire passer de la Haye à Bruxelles le sceptre des Pays-Bas.

Mais la journée du 25 août venait de placer les événements sur une pente où il eût été bien difficile de les arrêter. Une vive fermentation régnait dans le peuple ; un appât nouveau venait d’être offert à des ambitions mécontentes ; le drapeau brabançon flottait à Bruxelles ; le mouvement insurrectionnel de cette ville embrassait Liège, Louvain, Namur ; et, comme pour rendre la rupture inévitable, les feuilles hollandaises demandaient avec emportement qu’on châtiât les rebelles.